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C’est l’énième rebondissement d’un feuilleton dont la gestion pour le moins hasardeuse révèle la grave crise de gouvernance que traverse la « grande coalition » d’Angela Merkel. Au cœur de l’affaire : Hans-Georg Maassen. Agé de 55 ans, ce haut fonctionnaire présidait depuis 2012 l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le service de renseignement intérieur allemand. Lundi 5 novembre, il a été mis à la retraite d’office par le ministre de l’intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer (CSU). Une décision inattendue de la part de celui qui, il y a seulement quelques semaines, avait failli faire chuter le gouvernement en confiant à un M. Maassen, pourtant fort controversé, un poste de secrétaire d’Etat.
A l’origine de la volte-face de M. Seehofer : des propos tenus par M. Maassen à Varsovie, le 18 octobre, dans le cadre du Club de Berne, un cénacle qui réunit les chefs des services de sécurité et de renseignement européens. Lors de cette réunion, M. Maassen avait dénoncé l’existence de « forces de gauche radicale » au sein du Parti social-démocrate (SPD), allié des conservateurs (CDU-CSU) au sein de la « grande coalition ». Il avait également qualifié de « naïve » la politique migratoire du gouvernement. Des « formules inacceptables » justifiant sa mise à la retraite d’office, a déclaré, lundi, M. Seehofer.
Compromis boiteux
Comment en est-on arrivé là ? Pour le comprendre, il faut remonter au 7 septembre. Ce jour-là, M. Maassen déclare au quotidien conservateur Bild que ses services « ne disposent pas d’éléments suffisamment solides pour affirmer que des chasses à l’homme ont bien eu lieu » à Chemnitz (Saxe), après la mort d’un Allemand poignardé en pleine rue, dans la nuit du 25 au 26 août, lors d’une altercation avec des demandeurs d’asile.
Ces propos provoqueront une vive polémique. En quelques phrases, M. Maassen ne se contente pas de mettre en cause une information relayée…