le monde
Jusqu’à présent, Donald Trump se voulait au-dessus de tout soupçon. Parce que son gendre Jared Kushner est juif et que sa fille Ivanka s’est convertie. Mais aussi parce que le 45e président des Etats-Unis est proche de Benyamin Nétanyahou et a tenu, contrairement à ses prédécesseurs, la promesse de déplacer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. « Je suis la personne la moins antisémite, la moins raciste que vous ayez jamais vue », avait répondu M. Trump en 2017 à un journaliste israélien qui l’avait interrogé sur la multiplication des incidents antisémites sur le sol américain. M. Trump, qui n’avait pas apprécié le lien fait par le journaliste avec sa situation familiale, avait jugé la question « répugnante ».
En réalité, depuis l’assassinat en plein shabbat, samedi 27 octobre, de onze fidèles juifs américains dans une synagogue de Pittsburgh, le lien indéfectible et sincère à Israël ne constitue plus un sauf-conduit pour le président. Son premier réflexe fut de reprocher à la synagogue de ne pas avoir eu de garde armé. Il parut aussi insensible en n’annulant pas son meeting électoral pour se rendre sur les lieux. Selon la presse américaine, c’est sur la pression de son gendre et de sa fille que M. Trump s’est ravisé, a dénoncé l’antisémitisme et a placé au premier rang de la cérémonie de Pittsburgh l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis le mardi suivant.
M. Trump multiplie les insinuations depuis des années. Sans citer de noms, mais en nourrissant la théorie du complot. Ainsi, dans un clip de fin de campagne en 2016, il oppose les puissances de l’argent aux ouvriers américains aux usines désertées : les dollars s’amassent à Wall Street, et M. Trump fait apparaître notamment trois visages : George Soros, l’ancien spéculateur devenu philanthrope ; Janet Yellen, alors présidente de la Réserve fédérale, et Lloyd Blankfein, ex-patron de la banque d’affaires Goldman Sachs